HISTOIRES DE REGARD… DANS L’INSTITUTION, Du Traitement du scopique dans l’institution

Qu’il manque à l’appel ou bien qu’il soit sur le registre de la sur-présence, le regard prévaut partout. « On manque de (re)-connaissance », « Cela ne te regarde pas ! », « Je ne peux plus le voir », « L’œil de Moscou »… Nombres d’expressions liées au regard, à la vue, à l’œil, rendent compte de la primauté de la pulsion dite scopique, source d’une forme de malaise contemporain. Dès-lors et à partir de nombreuses vignettes cliniques vécues sur différentes scènes de divers théâtres institutionnels, nous verrons comment peut s’incarner ce malaise, comment les sujets (résidents, professionnels) peuvent s’exhiber, exposer leur intimité, se faire remarquer… Comment nombreux s’improvisent ainsi metteur en scène de leur propre spectacle… adressé au regard de(s) (l’)autre(s), soulignant la rémanence du couple exhibitionnisme-voyeurisme. On comprendra alors qu’une tension habite chaque sujet autour de deux pôles du regard : D’un côté la tentation de ne pas tout dévoiler et de préserver l’intime, de l’autre la tentation addictive et jouissive de tout montrer (et de regarder) toujours davantage. Par conséquent, dans ce contexte d’inflation scopique, le travail du psychologue consisterait à pouvoir soutenir l’autre (patient, résident, professionnel…) à frustrer sa curiosité, à limiter aussi bien son désir d’être vu que celui de tout voir (de s’empêcher), et à tenter de retrouver l’ambivalence favorisant l’écart, la mise en sens, la pensée, la métaphore ou la symbolisation…

Cet ouvrage rendra compte d’expériences vécues sur différentes scènes institutionnelles, rencontrées en tant que psychologue. Il illustre son propos par un nuancier d’exemples autour de la question du regard, sur la manière dont celui-ci est traité, appréhendé, mis en scène, éprouvé, subi… Il intéressa des lecteurs étudiants en travail social ou en psychologie, des professionnels du soins ou de l’éducation spécialisée exerçant en institutions… en prise au quotidien avec cette pulsion scopique.

Il s’inscrit dans la filiation des ouvrages abordants les notions inhérentes au travail éducatif et/ou social au sein des institutions, principalement sur le versant de l’analyse de la pratique. Si le référentiel théorique est plutôt celui de la psychologie clinique et de la métapsychologie psychanalytique, le parti pris est d’être au plus prêt du terrain, à partir de la pratique quotidienne et concrète des professionnels en prise avec la question du regard (pulsion scopique) et de son traitement. S’il existent des ouvrages psychanalytiques au sujet de la pulsion scopique et de son destin, peu à ma connaissance associent cette question avec la prise en compte de la dimension scopique, pourtant massive, dans les institutions en travail social.